Réflexion

La construction durable en maçonnerie : l’alternative au parpaing

Vous envisagez de construire une maison, ou un bâtiment de faible hauteur ? Instinctivement, vous avez pensé le construire en maçonnerie ? En parpaings plus précisément ? C’est normal, le bloc béton creux est certainement le plus utilisé et le plus connu pour ce type d’ouvrage. Et pour cause : il offre l’avantage d’être facile à mettre en œuvre, et peu cher.
Mais il existe d’autres solutions… Voici pour vous quelques alternatives au parpaing, leurs avantages et leurs inconvénients

Comparer les différentes solutions

Comparer pour chaque solution la résistance thermique ; l’inertie ; la perméabilité à la vapeur d’eau et la capillarité ; la part d’énergie primaire non renouvelable ; son potentiel de réchauffement global… Difficile à apprécier d’une manière générique ! Il faut considérer également la localisation ; l’exposition et le type de projet ; les détails et la facilité de mise en œuvre… On vous a perdu ? C’est normal…
C’est pour cela que les comparatifs se focalisent souvent sur le coût de construction et l’isolation thermique des différentes solutions. En tout cas les plus accessibles aux néophytes ! Hélas ils négligent ainsi d’autres aspects essentiels : le confort d’été (au travers de l’inertie notamment) ; la régulation hygrométrique…
On s’abstiendra donc ici de tout jugement définitif ! Mais, on vous dira juste que, si on compare à un mur de façade standard « constructeur » (parpaings avec doublage en laine minérale et plaque de plâtre) :

  • changer simplement le doublage (en optant pour un système plus « écologique ») ne modifie que peu le bilan carbone des façades, de l’ordre de 10 à 20% seulement ! Il faut donc « révolutionner » le mode constructif pour être plus vertueux ;
  • un monomur, lui, peut diminuer de 20 à 50% l’impact environnemental des façades (comparé à une solution avec isolation rapportée avec un mauvais bilan environnemental).
  • un mur isolé est 4 à 5x plus isolant qu’une fenêtre avec double vitrage moderne : la composition du mur opaque est donc critique pour un bâtiment correctement isolé !

On préfèrera donc comparer au cas par cas les aspects techniques, énergétiques et esthétiques, en fonction de votre projet.

Les limites des solutions monomur

Autant les évoquer tout de suite : les constructions monomur isolantes ont un inconvénient : une faible inertie. En effet, pour qu’une construction monomur soit isolante, elle doit avoir une masse volumique faible. C’est-à-dire contenir beaucoup de vide. Et plus un élément possède de vide, moins son inertie est bonne. En quoi est-ce mal ? Ces parois ne peuvent alors participer à la régulation des variations de température intérieure (en emmagasinant et en redistribuant plus tard le chaud ou le froid accumulé). On pourra toutefois compenser ce phénomène en jouant sur l’inertie d’un plancher lourd par exemple…
Mais l’inertie est un sujet complexe, nous ne nous étendrons pas ici sur ce propos. Sachez cependant qu’elle doit être prise en compte globalement dans le cadre de votre projet. Orientez-vous vers un architecte et un bureau d’études thermiques sensibilisés à la construction durable, afin d’être sûr que votre bâtiment intègrera ces aspects.

Le système monomur est-il compatible avec la RE2020 ?

La nouvelle RE2020 (Réglementation Environnementale 2020) est arrivée le 1er janvier 2022. Elle remplace l’ancienne RT2012 (Réglementation Thermique 2012) sur le logement neuf, puis sur le tertiaire.
De nombreuses évolutions et changements sont apportés par rapport à la RT2012. Malgré quelques défauts, la RE2020 favorise ainsi une construction durable et plus respectueuse de l’environnement ; notamment les matériaux biosourcés, en prenant en compte le cycle de vie du bâtiment (ACV), ainsi que le confort d’été… Néanmoins, il faut plutôt percevoir la RE2020 comme un garde-fou. Pour une démarche réellement écologique et durable, il faut en effet viser un objectif plus ambitieux…
Quoiqu’il en soit, vis-à-vis de le RE2020, si les monomurs peuvent encore pour certains respecter les exigences d’isolation thermique et offrir un bilan carbone acceptable, leur faible inertie représente un inconvénient majeur pour le confort d’été, qu’il faudra compenser autrement.

L’impact du choix constructif sur l’architecture, le confort, et sur le reste des travaux

Le choix du procédé constructif ne se fait pas à la légère ! En effet, il influe sur de nombreux aspects de votre projet :

  • sur l’architecture :
    Les volumes bâtis (portées, hauteurs…) doivent être optimisés selon le système constructif. Certains détails architecturaux peuvent s’avérer plus ou moins facile à réaliser selon le système… De même, les finitions compatibles peuvent être limitées et impacter l’aspect (souvent positivement). Ainsi, si on souhaite en enduit en finition extérieure, on préfèrera la chaux sur des monomurs… Ces enduits laissent en effet mieux « respirer » la maçonnerie, en laissant passer la vapeur d’eau… et facilitent l’élimination de l’eau présente dans la maçonnerie en cas d’accident : dégât des eaux, etc.
  • sur le reste des travaux :
    Le seul choix d’un système constructif vertueux ne suffit pas à faire un projet durable. Il faut aussi que la composition globale de l’enveloppe du bâtiment soit conçue en accord. Ainsi, il faut penser à l’isolation thermique, au confort d’été, à l’hygrométrie… Par exemple, les solutions de type monomur ne sont souvent intéressantes que si on se passe d’une isolation complémentaire en doublage ! Il faut donc travailler, notamment, à passer le câblage électrique ailleurs ! Cela ne s’improvise pas…
  • sur le montant des travaux :
    Il s’agit de choisir le bon procédé en fonction du projet et des contraintes techniques. Savoir, par exemple, contrebalancer un surcoût d’une maçonnerie isolante par l’économie d’un doublage…

Ainsi, n’hésitez pas à faire appel à un architecte pour évaluer et choisir le procédé le plus adapté à votre projet. Il prendra en compte son impact dans le cadre d’une réflexion globale. Il pourra, au besoin, s’entourer d’un bureau d’études spécialisé. Vous pourrez de cette façon construire vraiment durable, à coût limité !

La brique alvéolaire monomur

La brique monomur est un mélange d’argiles cuites et de microbilles. Fondues, elles augmentent la quantité d’air dans la brique.
Elle offre un bon compromis entre résistance mécanique et thermique.
Selon le produit sélectionné, elle peut se suffire thermiquement, sans besoin de doublage isolant. Dans d’autre cas, elle demandera un doublage intérieur ou une isolation extérieur. Il existe aussi des produits avec un isolant remplissant les alvéoles des briques… Bref, c’est un produit plutôt répandu. Privilégiez toutefois les « vraies » solutions monomur (sans isolation rapportée), d’un plus grand intérêt économique et énergétique. En revanche, elle offre une assez faible inertie…
Attention : la brique monomur demande une mise en œuvre appliquée.
Parmi les principaux fournisseurs, on citera Wienerberger ou Imerys…

Le béton cellulaire

Le béton cellulaire est fait à partir de différents matières naturelles. C’est un mélange de ciment, de chaux, de gypse, de sable et d’aluminium.
Si le béton cellulaire, en plus d’être porteur, est un bon isolant, c’est grâce à la majorité de vide (80% d’air) qu’il contient. Comparé au béton, il est aussi relativement plus fragile et friable. Mais avantage :  il est plus facile à mettre en œuvre. Le béton cellulaire permet une véritable solution monomur (sans doublage isolant). Cela permet donc des économies de doublage (qui compensera partiellement le coût élevé du béton cellulaire), et un chantier plus rapide…
On notera que dans cadre de la future RE2020, cette solution devrait toujours pouvoir être mis en œuvre en monomur. L’épaisseur devra néanmoins être importante. Point négatif là encore : une inertie limitée…
Ytong (Siporex) et Cellumat sont parmi les principaux fournisseurs spécialisés dans le béton cellulaire.

Les blocs de béton de chanvre

Les blocs de béton de chanvre sont faits d’un mélange de chènevotte (débris de chanvre) et de chaux aérienne, utilisée comme liant. C’est donc un matériau biosourcé, dont le coût énergétique de production est faible. Il possède aussi de bonnes capacités d’isolation, et permet aussi de réguler l’humidité.
En revanche, les blocs de béton de chanvre ne sont pas porteurs : ils sont souvent utilisés en remplissage ou en coffrage, associés à un système poteau-poutre, en bois ou en béton. La résistance thermique des parois dépendra donc beaucoup de la mise en œuvre ; le bilan carbone de la construction, lui, dépendra du système constructif associé : détails, points faibles… Pour optimiser son usage et les détails techniques, cette option doit ainsi être pris en compte tôt dans la conception du projet.
L’emploi du béton de chanvre dans le bâtiment tend à se développer, sous forme de bloc, projeté, coulé… Il reste toutefois encore en retrait des autres matériaux précités…
Les blocs de béton de chanvre sont disponibles chez Biosys (groupe Vicat) ou IsoHemp par exemple.

Et pourquoi pas la terre crue ?

Adobe, pisé, torchis entre autres, sont des méthodes de construction traditionnelles. Elles offrent un bilan écologique très intéressant, avec l’avantage d’une très bonne inertie. Toutefois, ces solutions demandent une main d’œuvre qualifiée et, il faut l’avouer, peu nombreuse. Sans compter la réglementation, qui favorise nettement les produits de construction manufacturés… De telle sorte que ces méthodes restent très chères à mettre en œuvre. On regrettera donc qu’elles restent très minoritaires ; souvent réservées à des ouvrages spécifiques, ou le fruit d’une réelle volonté de la part du maître d’ouvrage.

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